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Mon enfant jamais né,

 

Mon enfant, je t'écris aujourd'hui, comme chaque jour, pour te nourrir de mon amour qui déborde, pour te parler de ta mère, car je sais que tu veux la connaître, mieux que tout autre, inlassablement.

 

Tu es mon enfant jamais né qui ne mourra jamais. Tu as tous les âges, toutes les forces, tous les possibles, tous les vouloir. Tu m'as toujours comprise et épaulée, déjà quand tu étais tout petit. Tu perçois avec amour et finesse, au-delà des barrières, des murs entre les êtres. Tu tiens de ton père l'amour absolu, intemporel, l'espoir, la vie totale et infinie.

 

Mon enfant jamais né, te serrer contre moi échappe à nos matières. Tu ne t'écartes jamais de moi contre mon gré, me laissant pantelante et désemparée, non jamais. Tu es toujours là quand mon esprit t'appelle, avec ton sourire grave et beau. Dans ton regard océanique s'apaisent mes tumultes. Tu es homme, parfois femme... Homme, tu me protèges ; femme, je t'enseigne l'amour, l'enfantement, même impossible.

 

Mon enfant jamais né, te souviens-tu quand nous t'avons cherché ensemble un prénom ? Nous n'avons pu trouver de mot assez immense pour te contenir, toi si multiple, caméléon de mon amour.


Avant de te quitter, je tiens à te remercier d'avoir comme toujours rangé parfaitement tes affaires et la salle de bains. Tu sais, notre vie sans habitude, sans quotidien, nos phrases toujours nouvelles, m'enchantent comme au premier jour. Maintenant il est tard. Nous devons laisser reposer nos rêves. Mais je t'écrirai encore, comme chaque lendemain. D'ici-là, tu me surprendras peut-être au coin d'une vitrine, d'une rue, d'un jardin, comme tu le fais si souvent.

Ta  Maman qui t'aime
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